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UNE CRISE À PROPOS DES EAUX GRECQUES

La crise qui oppose aujourd’hui la Turquie à la Grèce, et indirectement, à l’armée française, seule garante désormais, depuis le Brexit, de la sécurité de l’Union européenne, la crise donc à propos des eaux territoriales devrait, comme toujours, être lue à la lumière de l’histoire. Il semble en effet que l’actuel président de la Turquie ait des connaissances lacunaires en la matière, si l’on écoute son argumentation disposant que les eaux territoriales de son voisin grec seraient disproportionnées par rapport aux siennes ; comme si, en quelque sorte, les Grecs avaient envahi un jour la Turquie.

L’HISTOIRE ENTRE LA GRÈCE ET LA TURQUIE

Or, c’est le contraire : ce qu’on appelle aujourd’hui la côte turque était partie intégrante du monde grec antique ; il y a vingt-six siècles, la philosophie a été inventée non pas à Athènes comme on l’imagine parfois, mais sur ce que nous appelons aujourd’hui la côte turque, à Ephèse où enseignait Héraclite, à Elée où enseignaient Zénon, et le grand Parménide, etc.

L’île de Samos, par exemple, où est né Pythagore, est effectivement tout près de la côte turque, non parce que les Grecs auraient empiété sur les Turcs, mais parce que ces régions ont été grecques pendant presque trois mille ans. Au Moyen âge, les Turcs, venus d’Asie centrale, les ont envahies. De fait, quand le président turc Erdogan s’étonne publiquement que l’île de Mégiste soit à 560 kilomètres d’Athènes mais à 2 kilomètres seulement de la côte turque, il ignore que les fouilles archéologiques y exhument régulièrement des monnaies antiques frappées à l’effigie du dieu Dionysos, qui est une idole grecque, sans aucun lien avec le chamanisme originel des Turcs – devenus plus tard musulmans.

La vérité historique est que, après avoir envahi les régions côtières, les Turcs les ont peu à peu vidées de leurs populations grecques : on pense au génocide pontique sur la côte de la mer Noire en 1916, ou à l’incendie de Smyrne – rebaptisée depuis Izmir – au temps de Mustafa Kemal en 1922. Avec ce traitement de choc, il va sans dire que ce qu’on avait appelé longtemps l’Asie mineure, rebaptisée « Turquie », n’a plus été habitée que par des Turcs, même si les études génétiques les plus récentes tendent à montrer qu’en réalité, une part importante de la population anatolienne est constituée des populations originelles, celles de Phrygie et de Lydie, considérées aujourd’hui comme orientales uniquement parce qu’elles ont été turcisées, mais ethniquement plus anciennes que leurs envahisseurs.

L’ORIGINE DES TENSIONS CONCERNANT LES EAUX GRECQUES

En fait, comme d’habitude c’est l’argent qui certes obscurcit la vision historique mais aussi nous éclaire sur l’origine des tensions : la perspective d’exploiter de vastes gisements gaziers récemment découverts en mer Egée aiguise l’appétit de la Turquie, laquelle semble prête, depuis la présidence de M. Erdogan, à toutes les aventures, comptant, comme d’autres pays à d’autres époques, qu’aucun Etat ne réagira jamais à ses empiètements.