Il est une rumeur qui court depuis quelques mois parmi les personnes concernées par le problème, et qui a forgé un néologisme : les « Bandithermes », un composé de deux mots, « bandits », et « thermos », la chaleur, en grec ancien. De quoi s’agit-il ?
Un euro symbolique
En cette période d’augmentation du coût de l’énergie, dont on ne voit pas comment on en sortira avant longtemps, ou tout du moins moins tant que les ponts resteront coupés avec la Russie, l’Etat, soucieux d’économiser les dépenses, et sachant qu’une facture de chauffage trop importante finirait par jeter dans la rue un nouveau mouvement de Gilets jaunes, qu’il faudrait une fois encore mater en comptant sur la loyauté des forces de l’ordre, l’Etat a fait preuve de générosité en proposant à ses citoyens français, sous condition de superficie et de ressources, de leur offrir des pompes à chaleur, consommatrices en électricité mais pas en fuel ni en gaz, contre le paiement symbolique de 1 euro.
La mesure était bonne pour les catégories socio-professionnelles les plus faibles, et l’on ne pouvait que s’en féliciter. Le problème vient de ce que le dispositif laisse ouvertes des failles opérationnelles par lesquelles ont pu s’insinuer les habituels escrocs, jamais à court d’idées pour exercer leur intelligence sur le dos des autres. Décortiquons ici le mécanisme de cette escroquerie.
Le mécanisme de l’escroquerie
Tout part de la décision prise par l’Etat, non pas de payer lui-même pour rester maître du processus, mais de faire payer les entreprises accusées d’avoir une empreinte carbone trop importante, au nom du principe imposé par la mouvance écologiste, disposant que c’est au pollueur de payer les pots cassés de la production carbonique. Par exemple, donc, Total, ou même une enseigne de supermarché, disons Auchan, accusés l’une et l’autre de ne pas être assez « vertes », doivent acquitter une sorte d’amende convertie en achat et installation des pompes à chaleur chez les particuliers.
L’enseigne, naturellement, ne pouvant s’en charger elle-même, fait appel à une société commerciale qui démarche les particuliers à coups de téléphone répétés et insistants. Le particulier, alléché par la proposition, accepte. Un expert se rend sur place pour évaluer ce qu’il y a à faire. Puis des ouvriers venus de pays lointains, ne parlant par français, véhiculés dans une camionnette sans marque d’enseigne, installent le matériel et s’en vont. Pas de garantie décennale, et une simple signature du particulier suffira pour obtenir le paiement.
En cas de problème, quand par exemple le mécanisme ne fonctionne pas, généralement ces entreprises ne sont plus joignables, parce qu’elles sont éphémères, elles ferment aussitôt après quelques installations. Et la messagerie du commercial qui vous a démarché est trop pleine pour que vous puissiez y déposer une réclamation : là aussi, il suffit de changer de numéro de téléphone.
Qu’est-ce qui a rendu possible à ces « bandithermes » de s’infiltrer ainsi dans le processus ? Le fait, pour ceux qui ont pris la mesure politique d’où tout le reste a découlé, de ne pas avoir respecté la règle d’or du management senior : ne rien faire soi-même, faire faire par celui qui en a la compétence, mais ne rien laisser faire, en vertu du fait que la confiance n’exclut pas le contrôle. C’est ainsi que les meilleures idées du management peuvent être détournées par les exécutants, et en définitive rendues inefficaces dès le moment où elles sont mises en vigueur.
Sources :
Pompes à chaleur : attention aux arnaques qui risquent de se multiplier
L’escroquerie sur la pompe à chaleur : un fléau qui s’accélère
Installation d’une pompe à chaleur : les 5 pièges et arnaques à éviter