Une grande mine de lithium à Beauvoir - ISEADD Une grande mine de lithium à Beauvoir - ISEADD
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Le lithium se reconnait facilement, c’est cette poudre blanche qui se trouve dans nos batteries électriques. Le Gouvernement croit fermement en l’avenir de cette filière industrielle, puisqu’il a favorisé le projet Emili, pris en charge par l’entreprise Imerys, consistant à exploiter à Beauvoir, dans le département de l’Allier, la deuxième plus grande mine d’extraction d’Europe après celle de Rhénanie en Allemagne, un gisement d’un million de tonnes, de quoi extraire 34.000 tonnes par an pendant vingt-cinq ans.

Il s’agit d’abord de se libérer de la dépendance aux importations de lithium en provenance de Chine, ensuite de consolider le choix qui a été fait au niveau européen de remplacer les moteurs thermiques par des moteurs électriques.

Impact écologique de l’extraction du Lithium

Cependant, au moins deux questions se posent : l’une est écologique, l’autre est économique. Commençons par trois considérations écologiques.

Dans cette mine de Beauvoir, la concentration de lithium est de 1%, de sorte qu’il faille extraire 100 tonnes de roche pour obtenir une tonne de lithium. Quand on considère l’objectif visé, celui d’extraire 34.000 tonnes de lithium par an, il faut donc multiplier par 100 pour calculer la roche à extraire : trois millions quatre cent mille tonnes par an. On imagine l’impact sur le paysage. Certes, il est prévu l’exploiter le gisement souterrainement, ce qui minimisera l’impact des poussières. On prévoit qu’une tonne de lithium extrait génèrera 8 kg de CO² contre le double en Australie et 20 en Chine. Mais il restera à diminuer la consommation d’eau.

Car en effet, nous l’avons déjà dit le mois dernier en commentant le dernier Salon de l’automobile où les véhicules électriques étaient mis à l’honneur, l’extraction du lithium procède d’une évaporation de saumure : ainsi, pour extraire 1 tonne de lithium, il faut 1 million de litres d’eau. La construction d’une seule batterie d’une Zoé, le véhicule électrique d’entrée de gamme, correspond à la consommation d’eau de 500 personnes pendant une année entière. Maintenant, faisons le calcul : pour extraire 34.000 tonnes à Beauvoir, il faudra dépenser trente-quatre milliards de litres d’eau. Répétons le chiffre : trente-quatre milliards de litres en un an.

Par ailleurs, cette course au lithium pour remplir nos batteries néglige la question du recyclage : autant il est possible de fondre un moteur thermique, autant de nombreux éléments de nos batteries devront être enfouis, ce qui n’est guère satisfaisant en soi.

Impact économique de la course au Lithium

Enfin, cette course au lithium sous-entend une course au remplacement des moteurs par des batteries, ce qui entraînera le sacrifice d’un nombre considérable d’emplois. Quand il faut aujourd’hui cinq ouvriers pour monter un véhicule à moteur, il en faudra trois seulement pour un véhicule électrique. De surcroît, les intermédiaires comme les stations-services qui ne rentabiliseront leurs bornes électriques que si elles se trouvent sur des voies de passage très fréquentées, à cause du temps nécessaire à une seule recharge, diminueront en nombre, de même que les mécaniciens, car l’entretien des batteries sera beaucoup plus facile que celui des moteurs.

Il est clair que le progrès technique provoque toujours une réorganisation du travail, à la fois destructrice et constructive : c’est le principe de Schumpeter. Il est tout de même dommage que quarante ans de négligence du parc nucléaire civil, que le monde entier nous enviait jadis, aient conduit à renchérir le coût de l’électricité, renchérissant indirectement toute la filière de la mobilité électrique.

 

Une grande mine de lithium à Beauvoir

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