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espace intersidéral

A qui appartient l’espace intersidéral ?

A notre époque, et depuis les dernières années du XXe siècle, l’humanité vit dans cinq espaces. La terre, divisée par des frontières ; la mer, qui est un espace très différent parce qu’il couvre 70% de la surface du globe et que, dans son immense majorité, il appartient à tous – encore faut-il pouvoir le parcourir efficacement, mais le fait est que 85% du commerce mondial est maritime ; puis l’air, moins disputé civilement parlant, d’autant que l’avion n’assure que 1% de ce même commerce ; enfin l’intersidéral puis le cinquième, le cyberespace, mais ce n’est pas de lui que nous parlerons ici, c’est de l’intersidéral, l’espace où l’on envoie nos satellites.

Cet espace, encore moins que le maritime, n’appartient à personne, et donc, en principe, à tout le monde : encore faut-il pouvoir s’y rendre. Les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Europe ont les moyens techniques d’envoyer dans cet espace des myriades de satellites, la plupart servant aux télécommunications, mais d’autres à la prévision météo, et d’autres encore à l’observation, civile ou militaire, voire les deux.

Paysage espace intersidérale

Economie et espace intersidérale

La partie de l’espace la plus économique, c’est l’orbite basse, en-deçà de 35.000 kms de hauteur, où déjà plus de 7000 satellites assurent nos connexions internet. C’est également à l’intérieur de cette orbite que l’on trouve la station spatiale internationale. Au-dessus, ce sont les satellites géostationnaires, les plus coûteux.

A l’origine, comme à l’époque des grandes découvertes, ce sont des Etats qui ont entrepris une première colonisation – sans les hommes, naturellement, disons plutôt une installation des premiers satellites. Puis des acteurs privés ont suivi, on pense à Starlink d’Elon Musk, à l’Européen Eutelsat, au projet d’Amazon, parmi d’autres. De même les anciennes Compagnies des Indes étaient-elles des sociétés privées, la plus célèbre étant la britannique qui disposait même de moyens régaliens sur le Sous-continent indien, jusqu’à ce que l’Empire britannique ne prenne sa place après la crise des Cipayes.

Le droit sidérale face à la pollution

Dans l’intersidéral, bien sûr, les crises prendront une autre forme, mais cet espace est déjà sensible aux tensions géopolitiques. Quand l’Ukraine s’est fait détruire ses réseaux terrestres de communication, Elon Musk lui a permis l’utilisation de Starlink, ce qui a fait de lui un ennemi objectif de la Russie.

astronaute dans l'espace sidérale

 

Mais ce qui préoccupe le plus l’humanité, ce n’est pas la militarisation avouée ou induite de l’intersidéral, c’est la multiplication des satellites, qui bientôt seront des dizaines de milliers à tourner à une vitesse folle autour de la terre : le trafic intense pourrait causer des collisions coûteuses, sans parler de la pollution par l’apparition d’une ceinture de débris.

C’est en gardant cela à l’esprit que la France, dont on sait le rôle important qu’elle joue dans le lancement de satellites depuis la Guyane, réfléchit à l’impact général de l’exploitation du vide sidéral. Il faudra bien un jour adopter des règles communes pour la cohérence de tous les acteurs du monde. Or, le phénomène de démondialisation, sinon économique, du moins morale et politique, auquel nous assistons aujourd’hui, peut faire craindre qu’il devienne difficile de mettre en place un droit sidéral comme nous avons un droit maritime ou un droit aérien. En tout état de cause, la conjoncture actuelle, menaçant la paix du monde, ne s’y prête pas spontanément. Il nous faut donc trouver une raison d’espérer dans l’œuvre d’Adam Smith qui enseigne que l’addition des égoïsmes particuliers conduit à l’intérêt général.

Sources :

Pollution spatiale : les problématiques et les enjeux en 2023

La pollution spatiale entre dans une nouvelle ère

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